Open Science at DFG: Position Paper, Funding and Framework Conditions avec Dr. Angela Holzer (Directrices des programmes, DFG) le 5 mai 2025
Lecture préparatoire : German Research Foundation (DFG). (2022). Open Science as Part of Research Culture: Positioning of the German Research Foundation.
Comprendre la position de la DFG sur la science ouverte
Lors de cette session du 5 mai 2025, intitulée “Open Science at DFG: Position Paper, Funding and Framework Conditions”, Angela Holzer, directrice de programme à la DFG, est venue à Cologne présenter la position de cette organisation en ce qui concerne l’ “open science” ou “sciences ouvertes”. La DFG (Deutsche Forschungsgemeinschaft) est la Fondation allemande pour la recherche. Cette organisation est le principal outil de soutien à la recherche scientifique en Allemagne, elle est financée par le gouvernement et les Länder. En 2011, son budget total était de 2,5 milliards d’euros. Il s’agit donc d’une organisation influente. La prise de position d’une telle organisation a forcément des conséquences dans la sphère scientifique.
La position de la DFG en ce qui concerne les sciences ouvertes.
Si vous lisez ce blog, c’est probablement que vous êtes déjà familier avec les sciences ouvertes. Les données des études en libre accès, et avec elles, les méthodes, le matériel, le code et même les peer reviews, en bref, la perfection… ou presque. En effet, la DFG ne considère pas la science ouverte comme la science parfaite, mais plutôt comme partie intégrante des bonnes pratiques scientifiques (good science practices). Il s’agit là d’un détail important.
Dans son document de position, publié en 2022, la DFG liste les impacts positifs potentiels qu’offriraient les sciences ouvertes. Une amélioration de la qualité de la recherche, de la vérification par les pairs, un renforcement de la coopération scientifique, une facilitation des processus de réplication d’études ainsi qu’une démocratisation du savoir et une accélération de l’innovation à travers le libre accès aux publications scientifiques. On peut donc affirmer que la DFG se positionne en faveur des sciences ouvertes.
Cette liste de points positifs est cependant suivie par une liste de potentiels impacts négatifs. Ceux-ci sont les plus pertinents pour comprendre la position de la DFG en ce qui concerne les sciences ouvertes.
Premièrement, une augmentation de la recherche ne signifie pas automatiquement une augmentation de la qualité de la recherche. Le “Journal Impact Factor (JIF)” et le “h-index” mesurent la popularité des publications, auteurs et journaux en fonction du nombre de publications qui les mentionnent. Il n’y a donc pas de lien de causalité direct entre la qualité d’une publication scientifique et sa popularité. Une augmentation du nombre de publications pourrait renforcer ce phénomène et amener une baisse de la qualité de la recherche scientifique.
Deuxièmement, une augmentation des publications et des données associées aux études publiées impose des plateformes adaptées afin de stocker ces informations de manière durable.
Troisièmement, les coûts de publication pourraient augmenter. Cela vous surprend-il ? Il s’agit pourtant de sciences ouvertes dont nous parlons. La situation est un peu plus compliquée que l’on pourrait se l’imaginer.
Un des piliers des sciences ouvertes est l’ “open access” ou le libre accès en français. Cet “open access“ est déjà un système mis en place, mais il ne s’agit pas d’un système unique. Il y a en effet plusieurs façons de publier en libre accès (pour plus de détails les lecteurs et lectrices peuvent visiter le blog de la session du 14 avril 2025). Si le journal en question le requiert, l’auteur de l’article scientifique ne peut publier en libre accès qu’en payant des frais de publication (pouvant s’élever jusqu’à des milliers d’euros). Certains journaux, notamment les plus prestigieux, sont des organisations privées qui requièrent des frais de publication élevés, sans que les articles scientifiques ne soient mis en libre accès. Si les articles sont mis en libre accès, rien ne garantit donc que les frais de publication baisseront, au contraire, il semblerait logique qu’ils augmentent pour contrebalancer la perte associée à la gratuité du libre accès. Si le monopole de la recherche scientifique reste entre les mains d’organisations privées ayant pour but de maximiser leur profit, le système actuel ne changera pas. “Open” ne veut pas dire indépendant ou bien non commercial.
La DFG met donc en garde contre ces problèmes : Les sciences ouvertes font partie des bonnes pratiques scientifiques mais n’en sont pas une garantie. Un système basé sur le profit et le prestige n’est pas adapté à une recherche éthique.
Pour cette raison, la DFG travaille avec d’autres organisations pour promouvoir les bonnes pratiques scientifiques. L’une d’entre elles étant CoARA, “Coalition for Advancing Research Assessment” ou “Coalition pour l’avancement de l’évaluation de la recherche” en français. CoARA est une coalition d’organisations souhaitant faire évoluer les méthodes et processus d’évaluation de la recherche. La DFG a pour but de promouvoir les engagements fondamentaux de CoARA comme par exemple reconnaître le besoin de la diversité des contributions à la recherche, l’abandon des systèmes de mesure comme le “Journal Impact Factor (JIF)” et le “h-index”, ou bien encore l’abandon du système de prestige et de classements entre organisations scientifiques.